17 juillet 2008

SUR LA ROUTE 10


LONGUE MARCHE SOUS L'ORAGE SAUVAGE / LE FOUET DE LA PLUIE / TÊTE COURBÉE MEMBRES LOURDS COEUR COGNANT / UN PEU PLUS TARD UN PEU PLUS LOIN AU DÉTOUR DU CHEMIN LE PANNEAU ANNONCIATEUR DU CARREFOUR SE DRESSAIT TAILLÉ DANS LA PIERRE / IL FALLAIT CHOISIR ENTRE LA LIGNE D'HORIZON ET L'ÉCHAPPÉE VERTICALE ENTRE TERRE ET CIEL ENTRE MATIÈRE ET IDÉE / LE SOLEIL ET LE VENT ALLAIENT GOMMER LES FLAQUES GOMMER LES REFLETS / - Je m'allongeai de nouveau sur mon lit d'acier et étendis mes bras en croix. Je ne savais même pas s'il y avait des branches ou le ciel ouvert au-dessus de ma tête et ça ne me faisait ni chaud ni froid. J'ouvris la bouche et respirai profondément l'atmosphère de la jungle. Ce n'était pas de l'air, en aucun cas de l 'air, mais la vivante et palpable émanation des arbres et des marais. Je restai éveillé. Des coqs commencèrent à chanter l'aube quelque part dans les broussailles. Pas davantage d'air, ni de brise, ni de rosée, mais la même pesanteur du Tropique du Cancer qui nous clouait tous à terre, notre mère et notre démangeaison. - / ENTRE MIDI ET MINUIT ENTRE LA BOUE ET LES ÉTOILES ENTRE ORIENT ET OCCIDENT AU MILIEU DU COSMOS

01 juillet 2008

SUR LA ROUTE 9


LES YEUX BOUILLONS D'ÉCUME À LA CRÊTE DES VAGUES / LES YEUX ÉPIS DES GRAMINÉES SECOUÉS PAR LES VENTS / LES YEUX RAYONS JETÉS PAR LE SOLEIL À TRAVERS LES TROUPEAUX DE NUAGES / LES YEUX PAR MILLIERS LES YEUX AVEUGLES TOURNÉS VERS UN SIMPLE BANC DE BOIS ABANDONNÉ DÉSERTÉ PAR LES VOYAGEURS / SOUDÉ AU GRANIT / CLOUÉ AU BORD DE L'HORIZON DANS LA SALLE D'ATTENTE DU MONDE / Il souleva la tête du siège, embrassa tout ça d'un regard dans le rougeoiement du soleil couchant et retomba endormi. Quand il s'éveilla, il me décrivit le spectacle en détail et dit : «-Oui, mon pote, je suis heureux que tu m'aies dit de regarder. Oh, Seigneur, que vais-je faire ? Où vais-je aller maintenant ? » Il frotta son ventre, il regarda le ciel avec des yeux rouges, il pleurait presque.